mercredi 23 avril 2008

L'origine.

Ce soir, j'ai lu le témoignage d'une femme boulimique. Je l'ai trouvé bouleversante et très juste dans ses mots. Elle m'a donné à réfléchir sur mon passé.

Mon histoire est jonchée de périodes douloureuses voir extrêmement douloureuses mais si je songe à mon enfance, les images sont beaucoup plus floues.
Je ne vois pas mes parents à table, par exemple. Je ne me souviens pas de leur comportement alimentaire. C'est le vide total.

Je serais incapable de dire si ma mère se restreignait et si je reproduis inconsciemment son schéma. Je sais qu'à présent elle est dans la restriction totale, elle s'astreint à une discipline de fer alors qu'elle est loin d'être forte.

De son côté mon père est en surpoids. Il commence un régime chaque semaine mais craque le lendemain. Je crois que c'est un épicurien qui refuse de se l'avouer. Il prend plaisir à manger mais en exclue les conséquences.

Son histoire, c'est la mienne : une suite perpétuelle de yoyo! Des pertes euphoriques suivies de reprises déprimantes!

Je n'ai que très peu de souvenirs de mon enfance et je me demande si je n'occulte pas des moments douloureux. J'ai "éludé" cette partie de ma vie pour ne pas en souffrir. Et il me faut faire un effort de mémoire pour sortir une image de ce trou noir, incompréhensible à mes yeux.

Ma vie a commencé le jour où je suis partie de chez moi, à 18 ans. Et mes prises de poids le jour où j'ai compris que le néant m'angoissait. La peur du lendemain, du vide, de la solitude...
Je me suis sentie abandonnée par mes parents (surtout ma mère) qui ne m'ont pas empêché de partir alors que je crevais d'envie qu'ils me retiennent et me disent que ma vie était auprès d'eux, et que je pourrais prendre mon envol lorsque ma situation matérielle serait assise.

Qu'ils me crient leur amour et leur attachement pour moi.
Qu'ils me crient leur peur du vide et de se retrouver seule sans enfant.
Qu'ils me crient leur bonheur de m'avoir mise au monde.

Mais rien de tout cela n'est arrivé, ils m'ont lassé m'éloigner sans réagir, sans émotions. Et c'est le plus douloureux. ça vous vrille les tripes et même aujourd'hui j'en crève et je me remplis de tout cet amour que je n'ai pas reçu en mangeant! Le terme "manger ses émotions" n'a jamais été aussi juste!

Je sais que je n'étais pas une enfant désirée. J'étais la 3e, la "non désirée", l'accident!
L'accident qui bouffe pour qu'on la voit enfin et qu'on s'occupe d'elle!
La protection par la nourriture a été un réflexe instinctif de survi. Des couches de graisse pour préserver cette étincelle de vie : l'espoir qu'on pose enfin un regard aimant et maternel sur moi.

Toute cette débauche de nourriture pour rien!
Ma relation avec mes parents n'a pas évolué. Elle s'est figée dans le temps. Et tous ces reproches tapis comme une bête monstrueuse au fond de moi et qui gonflent sous mes crises compulsives.
Peut-être ne connaitrais-je la paix, alimentairement parlant, que le jour où je parviendrais à faire la paix avec eux. Car je sais que mes compulsions sont plus profondes qu'un simple problème de restriction.

La pardon...il faut que j'y songe. Il faut que je sois suffisamment adulte et sereine pour y parvenir naturellement, sans arrières pensées.
Car qu'y a-t-il de pire que les mensonges? Surtout si l'on en a souffert toute son enfance.

La route est encore longue... mais j'ai envie de parvenir au bout du chemin, même si ça doit être seule, sans l'amour de mes parents.

2 commentaires:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
La fin des régimes. a dit…

Merci mutt de ton message, il m'a fait beaucoup réfléchir sur moi-même.
Perso, j'ai 3 enfants et je me souviens un jour, la psy m'avait dit : ne multipliez pas les enfants en pensant multiplier l'amour (j'avais un problème de désir d'enfant, il ne s'estompait pas). Et finalement mon désir d'enfant s'est calmé et je suis très heureuse avec mes 3 amours de ma vie!
biz